VOL DE NUIT
Juste avant la nuit tombante, quelques photons s'accrochent désespérément au jour. Ceux-là je les saisis dans mon capteur de rêve. Mais avant de les figer dans les pixels, c'est la surprise.
Le vol est magnifique, soyeux et concentré. Des éclats de lumière poussent sur le sol. Une moisson de clarté. Un rituel ancien comme pour ne jamais oublier ce que fut la lumière si elle ne devait jamais revenir illiminer nos existences.
Le vol est préparé, l'atterrissage d'urgence également dans le cas où le moteur décide d'un de ses caprices dont il est capable dans ses moments les mieux choisis.
Après le couché de soleil, il me reste une demi-heure de vol. Dans ce temps, j'ai moins de 10 minutes pour réaliser quelques images folles.
Les vibrations du moteur ne m'aident pas. La vitesse de l'obturateur est dramatiquement lent. Les pixels sont gavés au "zaza", comprenez ASA. Près de 2 000 au lieu de 100. Avant d'appuyer sur l'obturateur, je mets le moteur au ralenti en priant qu'il ne cale pas.
Je contrôle alors la qualité de la photo, incertain du flou ou de la netteté. Le cadrage, lui, est simple. Les rubans de lumière sur le fond noir, dessinent naturellement de superbes arabesques.
Au loin, d'autres flaques de lumières, d'autres villages, d'autres existences.
Vu du haut, c'est un choc. Tant de vies au sein de ces colliers de lumière. Elles sont là, mises en valeur, comme surlignées dans le livre de la vie.
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