Petit frisson sous les pieds
Aucune recherche esthétique. Simplement l'envie de transmettre une sensation. La vue de ces jambes en apesanteur au-dessus des nuages ou du sol a quelque chose de suffisamment insolite pour créer cette sensation de hauteur, d'altitude que le pilote vit dans la réalité.
Esthétiser une photo dans ce contexte, c'est ajouter de l'élégance en filtrant et atténuant le réel. En y renonçant c'est, dans ce cas, témoigner de la présence du photographe qui, habituellement doit s'effacer de l'image. Ainsi, ajouter l'humain au décor, ici dans la troisième dimension, c'est présenter toute sa fragilité dans un univers qui n'est pas le sien.
Le ciel sait parfois le lui rappeler par ces ondes venteuses qui semblent vouloir le chasser de là.
A ce propos, une petite histoire ! Je me souviens d'avoir voler avec trois buses dans un courant ascendant qui leur pemettait de monter sans effort, les ailes stables et largement déployées. Je me suis introduit, sans grande discrétion mon moteur étant bruyant, dans ce léger tourbillon d'air pour grimper avec elles, moteur au ralenti.
Mais voilà, je n'étais pas le bienvenu. Une buse a quitté son ascension, volant à vive allure loin de moi. Elle a ensuite engagée un violent virage pour foncer vers ce "géant" à l'aile colorée. Sa vitesse était impressionnante. J'ai dégagé les bras des élévateurs, prêts à me battre avec mes petits poings. J'avais peur de ces griffes et de son bec. Mais plus grave, je craignais qu'elle ne s'enmêle dans les suspentes de ma voile qui se serait repliée sur elle-même, m'envoyant au "tapis" pour un dernier voyage.
A quelques mètres de moi, elle s'est cabrée puis a plongé vers le sol avant de rattraper sa tribu toujours dans leur ascendance. Je n'ai pas insisté. J'ai quitté ce petit monde leur coeur mouvementé. Elle s'est retournée deux fois pour être certaine de ma détermination à les laisser entre elles. Comme quoi, même dans les airs il y a de la ségrégation dans l'air.